MENU FERMER

  

Abonnez-vous CHF 55.- par année seulement

Editorial

L’union fait la force!

Les coproductions jouent un rôle important dans la perception du cinéma helvétique en Suisse et à l’étranger. Un coup d’œil au programme des Journées de Soleure le montre clairement, tout comme la sélection des films dans les festivals de cinéma internationaux. Ce sont les coproductions qui ont obtenu des prix. « Unrueh », de Cyril Schäublin, qui a été produit sans soutien étranger, reste toutefois une des rares exceptions. Dernièrement, le film d’animation « Interdit aux chiens et aux Italiens », d’Alain Ughetto, une coproduction minoritaire suisse, a remporté le prix du cinéma européen pour le meilleur film d’animation. Et « Drii Winter », de Michael Koch (en coproduction avec l’Allemagne), est candidat aux Oscars. Les exemples ne manquent pas. Un vieux proverbe dit que « trop de cuisiniers gâte la bouillie ». Mais la réalisation d’un film est un travail éminemment collectif.

Le constat est aussi clair au moment d’échanger avec les producteur·trice·s. S’il faut parfois faire preuve de beaucoup d’inventivité pour tirer profit des règlements liés aux coproductions, les efforts ne gâchent que rarement les satisfactions procurées par la collaboration avec l’étranger. Chaque cas est différent, et on en trouve pour tous les goûts. Se mettre au service d’une histoire ne découlant pas de notre culture, même au sens large, n’enlève en rien la valeur d’un apport suisse : l’engagement pour la cause apparaît aussi dans chaque détail, que celui-ci se trouve chez un membre de l’équipe technique d’un tournage ou dans le regard permettant de dénicher le·la bon·ne comédien·ne. Alors que les critères définissant un film suisse, et ses diverses possibilités de coproductions, sont assez clairs dans notre loi sur le cinéma, d’autres données, plus existentialistes, permettent en parallèle d’élargir notre champ de vision.

Le nouveau directeur artistique des Journées de Soleure, Niccolò Castelli, le démontre dès sa première année en posant de nouveaux jalons avec ses collègues. Pour ce premier numéro de Cinébulletin dans une nouvelle configuration rédactionnelle, il était tout aussi nécessaire de mettre en perspective ses propres certitudes et de les adapter à celles de l’autre. Se remettre en question fait alors partie d’un échange fructueux et nécessaire, vers plus de liberté.

Le lâcher-prise passe d’ailleurs aussi par la transversalité et le dialogue. Et quand bien même ces derniers ne laissent pas de traces visibles dans l’immédiat, il faut laisser le temps faire les choses. Aujourd’hui, c’est aussi dans un esprit collaboratif que le nouveau Pôle de création numérique pose ses fondations, avec l’envie de rassembler les forces autour d’un projet commun, celui de mieux cerner les besoins d’un secteur prometteur, notamment en matière de financement. Mais sans toutefois écarter les acteur·trice·s en place, bien au contraire : pour comprendre où se trouvent « les trous dans la raquette », selon les termes du nouveau directeur du pôle Emmanuel Cuénod, l’écoute reste la meilleure option.

Il faudra donc encore combler quelques trous pour que la création cinématographique suisse gagne en force. Que ce soit au travers de nouveaux soutiens destinés à la coproduction, à l’image de celui que MEDIA Desk Suisse vient de lancer, ou encore avec la mise en place d’un projet destiné à soutenir la production de films suisses pour le jeune public, initié par le groupe de travail Films pour enfants.

 

Teresa Vena et Adrien Kuenzy

Corédactrice Suisse allemande et corédacteur Suisse romande

Notre dernier numéro (PDF)