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Editorial

On a réussi !

 

Quel soulagement le 15 mai dernier ! Nombre de personnes avec lesquelles j’ai parlé en amont du scrutin s’avouaient sceptiques. Heureusement, cette fois les prévisions n’y étaient pas – avec 58,4 % de « oui », le résultat est impressionnant. Surtout au vu d’une campagne initialement tiède, puis de plus en plus agressive et parasitée par nombre de demi-vérités (lire à ce sujet la tribune de Florian Keller, journaliste culturel à la Wochenzeitung). Au point qu’il était parfois pénible de lire tout ce qui circulait sur les réseaux sociaux, notamment le dénigrement systématique « du cinéma suisse », comme s’il s’agissait de quelque chose de monolithique et de facile à définir.

Toujours est-il que ces arguments n’ont, heureusement, pas convaincu la majorité des citoyens et des citoyennes. La voix des personnes opposées au référendum n’en a que gagné en importance. L’assurance avec laquelle de nombreux·se·s défenseur·se·s de la nouvelle loi sur le cinéma se sont fait entendre a eu un effet salutaire, et n’a pu que faire du bien à celles et ceux qui ne souhaitaient pas participer au débat public. Dans ce sens, la campagne en faveur de la « Lex Netflix » a été bien davantage qu’un exercice de relations publiques.

Les séries et coproductions qui verront désormais le jour, destinées aux services de streaming et que nous attendons avec impatience, vont changer la manière dont « le cinéma suisse » sera perçu ces prochaines années. Le public cible de ces productions est plus large et en partie différent de celui des documentaires et films d’auteur à plus petit budget, qui continueront heureusement d’exister, circulant surtout dans les cinémas et les festivals.

Ce type d’exploitation connaît actuellement de grandes difficultés, a fortiori depuis la pandémie. Les chiffres du box-office sont en partie désastreux. Les projets de transformation, qui sont actuellement lancés dans tout le pays, revêtent donc une importance accrue. Dans notre dossier, nous vous proposons un aperçu des premiers projets validés. Ils donnent une idée d’initiatives originales qui pourraient permettre de mieux surmonter le bouleversement numérique.

Dans ce numéro, nous consacrons aussi deux articles à l’Ukraine. Cette guerre atroce, qui nous poursuit jusque dans nos rêves, a jeté une ombre sur la campagne, et il est impossible de continuer de travailler comme si de rien n’était. Mon collègue Adrien Kuenzy a rencontré des cinéastes ukrainiens et ukrainiennes et a évoqué avec elleux la guerre, entre autres. La guerre réelle et celle qui se passe dans nos têtes.

 

Kathrin Halter
Rédactrice Suisse allemande

 

Image: «Sur le pont» de Sam & Fred Guillaume

 

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