Ce printemps, une nouvelle série télévisée policière est tournée au Tessin. L'occasion de réfléchir aux structures et aux professionnel·e·s de la branche en Suisse italienne.

L'intérêt d'interviewer des réalisateurs en plein tournage est de pouvoir percevoir l'état d'esprit sincère et spontané que leur procure cette expérience. Et Robert Ralston Jr. et Erik Bernasconi, coréalisateurs d’« Alter Ego », ont l'air de deux personnes franchement heureuses.Démarrée en février, en plein carnaval, le tournage de cette nouvelle série produite par Amka Films, en coproduction avec la SRG SSR se poursuivra jusqu'à la fin du mois d'avril. Il s'agit d’un thriller policier en six épisodes de 45 minutes chacun, qui voit la région de Bellinzone se transformer en un lieu obscur et violent, où sont commis des meurtres mystérieux qui semblent liés à un sombre passé.« L'idée de tourner à Bellinzone était géniale. La roche que l'on rencontre à différents endroits de la ville, les châteaux qui te dominent et t’observent et les rues étroites sont inspirantes. Il y a une atmosphère sombre inattendue qui nous aide à raconter l'histoire d'un monde qui ne reflète pas vraiment la ville », commente le réalisateur grisonais Robert Ralston Jr.

La série se déroule dans de nombreux lieux réels, notamment grâce à la collaboration avec la Ticino Film Commission et avec l'aide de la ville de Bellinzone. « Dans la culture cinématographique suisse, le tournage en studio est une option qui est moins utilisée, en partie à cause des coûts », relève le réalisateur tessinois Erik Bernasconi, qui est également l'un des quatre scénaristes de la série. « Au Tessin, il n'y a pas de grand studio de tournage pour recréer, par exemple, un poste de police. Nous l'avons reconstitué à l'intérieur d'une ancienne imprimerie, grâce au travail génial de notre département de scénographie. Notre équipe est composée de personnes qui travaillent dans toute la Suisse et aussi en Italie, mais il y a beaucoup de Tessinois·e·s qui œuvrent habituellement sur des productions au-delà du Saint-Gothard. Ce projet nous a donné l'occasion de réunir l'équipe de rêve du cinéma et des séries tessinoises, qui est souvent obligée de se déplacer ailleurs. Si nous avions un projet de ce type par an, ce serait bien pour notre industrie. »

 

Un duo derrière la caméra

Il s'agit d'un projet regroupant une septantaine de collaborateur·trice·s, un casting d'une cinquantaine de personnes dont le protagoniste est l'acteur italien Gian Marco Tognazzi. Parmi les acteur·trice·s suisses, il y a Anna Pieri Zürcher et Bruno Todeschini. On trouve aussi plus de cinq cents figurant·e·s.

Comment s'est déroulé le travail en duo ? « Nous, les réalisateurs, avons un ego assez encombrant, il est parfois difficile de le contenir, mais cela a très bien fonctionné entre nous dès le début. Peut-être que cela nous a aussi aidés à savoir que ce n'était pas notre film, qu'il ne s'agissait pas de notre monde intérieur », nous dit Robert Ralston Jr. Les deux réalisateurs ont choisi de partager des scènes, et non des épisodes entiers, pour faciliter le plan de travail : « Nous ne sommes presque jamais ensemble sur le plateau de tournage, parfois nous tournons dans deux unités séparées, conclut Erik Bernasconi. La coréalisation est une habitude qui est en train de s'installer également en Suisse pour les séries télévisées. La quantité de matériel à traiter est équivalente à celle de trois films. Le fait de la partager facilite les choses. Cela nous pousse à être créatifs. Nous avons aussi très bien collaboré dans la phase de préparation. Être moins égocentriques permet de se mettre vraiment au service du projet. »

« Alter Ego » a remporté le concours organisé en 2019 par la RSI pour l'écriture de séries télévisées de fiction. La série a été présentée dans le cadre du Series Market de la Berlinale 2023, par le biais de Swiss Series Previews, une nouvelle vitrine dédiée à la production de série suisse lancée par SWISS FILMS et la SRG SSR. Le public suisse pourra la voir, doublée également en français et en allemand, d'ici la fin de l'année sur tous les réseaux SRG SSR.

Versione originale: Italiano 

Una serie, due registi, nuove possibilità

Questa primavera in Ticino si svolgono le riprese di una nuova serie tv poliziesca. Un’occasione per riflettere anche su strutture e professionisti dell’audiovisivo nella Svizzera italiana.

 

Il bello di intervistare i registi che si trovano nel mezzo delle riprese è poter percepire lo stato d’animo, sincero e spontaneo, che l’esperienza gli sta dando. E Robert Ralston Jr. ed Erik Bernasconi, co-registi di «Alter Ego», ci sono sembrate due persone onestamente felici.

Iniziate a febbraio in pieno carnevale, le riprese di questa nuova serie prodotta da Amka Films in coproduzione con RSI SSR SRG proseguiranno fino alla fine di aprile. Sono sei episodi da 45 minuti l’uno di un thriller poliziesco che vede l’area di Bellinzona trasformarsi in un luogo cupo e violento, dove vengono commessi misteriosi omicidi che sembrano legati ad un oscuro passato.
«L’idea di girare a Bellinzona è stata ottima: la roccia che incontri in vari punti della città, i castelli che svettano sopra di te e che ti osservano, le viuzze strette: c’è un atmosfera dark inaspettata che ci sta aiutando a raccontare un mondo che in realtà non rispecchia veramente la città», commenta il regista grigionese Robert Ralston Jr. parlando delle ambientazioni.

La serie si svolge in molti luoghi reali, anche grazie alla collaborazione con la Ticino Film Commission e all’aiuto della Città di Bellinzona: «nella cultura della cinematografia svizzera girare in studio è un’opzione che si utilizza meno, in parte anche per via dei costi. In Ticino un grosso studio di riprese dove poter ricreare ad esempio un commissariato di polizia non c’è. Noi lo abbiamo ricostruito all’interno di un’ex tipografia, con un bellissimo lavoro del nostro reparto scenografia», ci racconta il regista ticinese Erik Bernasconi, che è anche uno dei quattro sceneggiatori della serie. «La nostra crew è composta da persone che lavorano in tutta la Svizzera e anche in Italia ma molti sono ticinesi che solitamente lavorano su produzioni oltre Gottardo. Questo progetto ci ha dato la possibilità di raggruppare il 'dream-team' del cinema e della serialità ticinese, che spesso è costretto a spostarsi altrove, professionalmente. Se dovessimo avere un progetto all’anno di questo tipo sarebbe un bene per il nostro settore».

 

Un duo dietro la macchina da presa

Una settantina di collaboratori, un cast di una cinquantina di persone (il protagonista è l’attore italiano Gian Marco Tognazzi, tra gli svizzeri troviamo Anna Pieri Zürcher e Bruno Todeschini), più di cinquecento comparse e poi ben due registi: come è stato per loro lavorare in duo?

«Noi registi abbiamo un ego piuttosto ingombrante, a volte è difficile arginarlo, eppure tra noi sin dall’inizio ha funzionato molto bene. Forse ci ha aiutato anche sapere che questo non era il 'nostro' film, che non riguardava il nostro mondo interiore», ci dice Robert Ralston Jr.. I due registi hanno scelto di dividersi le scene, non interi episodi, per facilitare il piano di lavoro: «non siamo quasi mai sul set insieme, a volte giriamo in due unità separate. La co-regia è un abitudine che sta arrivando anche in Svizzera per le serie tv. La quantità di materiale da trattare equivale a quella di tre film, spartirsela facilita tutto. Essere in due poi ti obbliga ad un confronto creativo e abbiamo lavorato molto bene nella fase di preparazione. Essere meno egocentrici permette di mettersi davvero al servizio del progetto», conclude Erik Bernasconi.

«Alter Ego» è stata la vincitrice del concorso indetto nel 2019 dalla RSI per la scrittura di serie tv di fiction. La serie è stata presentata all’interno del Series Market della Berlinale 2023 attraverso Swiss Series Previews, una nuova vetrina dedicata alla produzione seriale elvetica lanciata da SWISS FILMS e SRG SSR. Il pubblico svizzero potrà vederla, doppiata anche in francese e tedesco, entro fine anno su tutte le reti SRG SSR.