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« Une coproduction, c’est comme un mariage »

Adrien Kuenzy
13 janvier 2023

Corinna Marschall est à la tête de MEDIA Desk Suisse depuis 2011. © DR

MEDIA Desk Suisse lance cette année un instrument de soutien pour stimuler le codéveloppement minoritaire. Entretien avec Corinna Marschall, sa directrice.

Notre pays n’est pas en position favorable en matière de soutien au codéveloppement minoritaire. Quelle est la situation ?

Alors que notre pays est exclu du réseau MEDIA Europe créative, et donc de son aide au codéveloppement lancée en 2021, nos producteur·trice·s ont de la peine à trouver des sources de financement en tant que partenaire minoritaire, surtout si l’auteur·trice est étranger·ère. Il y a peu de fonds régionaux, et la production doit souvent investir son propre argent. Des soutiens au codéveloppement existent déjà entre l’Italie et la France, et entre l’Allemagne et la France par exemple, mais pas entre la Suisse et ces dernières. Alors que c’est avec elles que notre pays coproduit le plus. Notre nouvel instrument de soutien stimulera cette étape.

 

En quoi une collaboration entre coproducteur·trice·s, dès la phase de développement, serait-elle bénéfique ?

Plus on arrive tard dans un projet, plus il est figé. Notre idée est d’encourager les collaborations organiques le plus tôt possible, pour insuffler des éléments créatifs suisses dès les prémices. Cela facilitera la coordination entre les pays coproducteurs en matière d’apports techniques et le financement de la réalisation. Ce soutien aidera par exemple des projets nécessitant des lieux de tournage en Suisse, ou un accès à nos archives. Une coproduction, c’est comme un mariage. Plus la confiance s’établit, mieux la relation se porte.

 

Ne pensez-vous pas que la contribution de la part minoritaire au stade du développement puisse être compliquée pour le ou la producteur·trice principal·e ?

Je crois que l’effet bénéfique l’emporte, car la perspective extérieure est souvent fructueuse. Et on sait que les coproductions attirent plus de public que les films purement nationaux. Dans ce sens, un regard international peut aussi donner une identité plus universelle à un récit.

 

Pour élaborer ce nouveau soutien, MEDIA Desk s’est entretenu avec plusieurs acteur·trice·s de la branche. Qu’est-ce qui vous a marquée ?

En échangeant avec les producteur·trice·s, j’ai trouvé intéressant de réaliser que ce n’est pas la même chose de coproduire avec des pays dotés de moyens importants, comme la France et l’Allemagne, ou avec des pays comme le Kosovo, comme le fait Alva Film, par exemple. Quand les moyens sont réduits sur place, l’implication de la Suisse est différente.

 

Quels seraient les avantages concrets pour la Suisse ?

On pourrait par exemple imaginer que des auteur·trice·s de la relève puissent participer à des writers’ rooms et donc échanger avec des auteur·trice·s expérimenté·e·s. On sait combien il est important de développer notre vivier d’auteur·trice·s de talent.

 

Quels sont les critères d’évaluation ?

Ils incluent la qualité du projet et son potentiel de diffusion à l’international, la qualité et la cohérence de la stratégie de codéveloppement, le lien thématique ou organisationnel avec la Suisse et la réciprocité entre pays de coproduction. Si l’auteur·trice est suisse, des points bonus sont aussi octroyés, même si l’instrument a été aussi créé pour faciliter les coproductions avec un·e auteur·trice étranger·ère. Cela pourrait mener à des situations où un·e auteur·trice suisse deviendrait coauteur·trice avec un·e auteur·trice étranger·ère. Ces critères montrent que le nouveau soutien a été élaboré avec l’OFC et ne fait pas partie des mesures compensatoires MEDIA, mais que c’est une mesure internationale de l’OFC et complémentaire à ce qui existe déjà au sein de l’aide à la réalisation.

En pratique

  • Le soutien concerne les projets en développement, avec société de production suisse minoritaire.

  • Montant : au maximum 25’000 francs pour les documentaires, et au maximum 50’000 francs pour la fiction, l’animation et les séries.

  • Intensité de soutien (par rapport aux dépenses éligibles suisses) et part fédérale maximum : 70 %.

  • Plus de 50 % du financement au développement dans le pays majoritaire doit être confirmé au moment du dépôt.

Table ronde aux Journées de Soleure

Présentation du nouveau soutien (modérée par Cinébulletin) 20 janvier, 13 h (Haus der Kunst St. Josef)

Merci Lucie !

Vincent Adatte, président de l’Association Cinébulletin
13 janvier 2023

Si près, si loin

Adrien Kuenzy
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Rencontre avec Niccolò Castelli

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