Le métier de producteur et de productrice requiert certainement beaucoup de détermination. Ruth Waldburger en possède sans aucun doute suffisamment. Elle est d'ailleurs directe dans notre rencontre, lorsqu'elle commence par dire, en substance, qu'elle a déjà donné de nombreuses interviews et que ces dernières disent déjà tout; il ne reste plus qu'à s'en servir. Waldburger s'est néanmoins prêtée au jeu.
Ce sont les journalistes qui en parlent beaucoup, pas moi. Pour ce premier film, j'ai tourné avec Brad Pitt alors qu'il n'était pas encore connu. Il avait jusqu'alors joué dans une publicité pour des jeans et seulement ensuite dans « Thelma & Louise ». Avec le réalisateur, j'ai regardé les enregistrements de l'audition à Los Angeles, à laquelle il avait participé avec trente autres jeunes gens. Nous avons choisi Pitt parmi eux, car il incarnait clairement le personnage dont le film avait besoin.
Avant ce film, j'avais déjà coproduit « Nouvelle vague » (1990) de Jean-Luc Godard avec Alain Delon et « Le pas suspendu de la cicogne » (1991) de Theo Angelopoulos avec Jeanne Moreau et Marcello Mastroianni. En comparaison, « Johnny Suede » n'était pas en soi si extraordinaire pour moi. Le film n'est important que pour les gens, pas pour moi.
C'était ma vie. En travaillant sur un plateau de tournage, j'ai compris que le seul poste qui m'intéressait était celui de productrice. C'est pourquoi je voulais le devenir. J'étais motivée. Ce n'est pas quelqu'un d'autre qui m'a éclairée.
Produire un film, c'est un travail difficile. On y vit de belles expériences, mais on rencontre aussi toujours des problèmes. Il faut le faire avec passion. Il faut choisir les bons films. Le plus beau moment, c'est quand le film sort au cinéma.
Pourquoi pas ? Bien sûr que oui. Ce n'est pas que du travail intensif. C'est un travail compliqué. Il y a pourtant des gens qui font un travail exigeant et qui y prennent quand même du plaisir. Je ne vois pas en quoi l'un exclut l'autre.
La seule chose que je voulais faire dans le film, c'est le poste de productrice. C'est le plus intéressant. La productrice est responsable du film du début à la fin. Elle lit le scénario, prend la responsabilité du financement, des salaires, embauche tous les collaborateur·trice·s, s'assure que tout fonctionne, participe à la recherche des décors et des costumes, puis au montage.
Ce n'était pas du tout le cas. C'est un mythe. Au moment où j'ai commencé, il y avait déjà beaucoup de femmes productrices. Ma fille suit actuellement une formation continue pour producteur·trice·s. Il y a douze femmes et deux hommes. Dans nos équipes, il y a désormais généralement plus de femmes que d'hommes sur le plateau.
Non, à condition que j'en sois consciente. Je suis en Suisse et je fais des coproductions avec la France et l'Italie. Grâce à la langue commune, il est évident de coproduire avec ces pays. Ce qui compte, c'est le film lui-même, son contenu. Peu importe d'où il vient et qui le tourne.
Je trouve que le cinéma suisse se porte bien. Nous avons de bonnes aides au cinéma. Nous sommes dans une très bonne situation pour produire des films depuis la Suisse. J'ai aussi produit des films qui sont 100 % suisses, comme « Schwesterlein », qui a connu un grand succès. Nous étions en compétition à la Berlinale, le film a été vendu dans de nombreux pays. Je ne vois donc aucun inconvénient pour le cinéma suisse, si ce n'est que nous ne sommes plus dans le programme MEDIA.
Oui, c'est vrai, il y a une pénurie de technicien·ne·s. Cela est dû au fait que l'on produit de plus en plus, y compris des séries de films qui ont plus de jours de tournage. Nous devons absolument former davantage de techniciens et de techniciennes.
Nous nous efforçons de trouver des remplaçant·e·s à temps, afin de tourner quand les acteurs·trices ont le temps et que nous avons l'argent.
A l'époque, il y avait encore trop peu de distributeurs. Maintenant, il y en a trop et de plus en plus. C'était à l'époque où nous faisions des comédies et nous pensions que nous pouvions les amener nous-mêmes au cinéma. L'avantage, c'est que nous étions proches des films. J'avais aussi des gens expérimentés sur lesquels je pouvais m'appuyer. Aujourd'hui, la situation est différente. C'est certainement mieux d'avoir un bon distributeur qui ne fait que ça et qui fait bien son travail.
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