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«La Suisse s'intéresse vraiment au public jeune»


07 août 2014

Giancarlo Zappoli, directeur artistique du Castellinaria Festival Internazionale del Cinema Giovane, nous parle du cinéma suisse et de son rapport au jeune public, ainsi que de l'évolution de la manifestation tessinoise.

D’une manière générale, que pensez-vous de la distribution des films pour enfants en Suisse?

J’estime qu’en Suisse, la distribution de films pour enfants et adolescents est de bon niveau et que l’on dédie à ces tranches d’âge une attention bien plus importante que dans d’autres pays comme l’Italie, par exemple. Les films que l’on définissait autrefois comme des films «familiaux», ont en effet pratiquement disparu des salles italiennes. Ce sont désormais les blockbusters qui dominent le marché, et il reste alors bien peu de place pour d’autres propositions. En Suisse, en revanche, il reste encore un vrai intérêt pour ce public jeune. 

 

La production suisse de films pour enfants est une denrée passablement rare. Pensez-vous qu’il faille davantage encourager le genre? Si oui, comment?

Si l’on étend le domaine des films pour enfants aux préadolescents et adolescents (qui composent par ailleurs le public de nos compétitions), je peux dire qu’il existe des exemples de productions très valables - dont deux programmées cette année à Castellinaria: «Shana - The Wolf's Music» et «Vielen Dank für nichts». Quant à savoir comment, la réponse peut être trouvée dans ces deux films: une coproduction qui peut assurer au film de toucher deux ou plusieurs marchés dans lesquels le film sera distribué (en salle, Blue-Ray, streaming, etc.)

 

Quel est aujourd’hui le modèle économique de votre festival, bénéficiez-vous d’aides publiques?

Castellinaria bénéficie de l’aide de sponsors publiques et privés tessinois et d’un soutien financier de la part de l’Office fédéral de la culture. Le budget est cependant encore sommaire, ce qui contraint le festival à faire en partie appel au bénévolat. Certains aspects sont en évolution, et nous nous en réjouissons, mais à l’heure actuelle, nous ne pouvons pas encore les confirmer.

 

En 27 ans d’existence, le public jeune, tout comme le festival Castellinaria, a passablement évolué. Quel regard portez-vous sur ce public et son rapport au cinéma?

Notre expérience se développe de façon particulière. Le public des Compétitions est composé d’élèves qui assistent aux projections pendant les horaires scolaires.

Au cours de ces dernières années, j’ai pu constater une participation aux projections de plus en plus attentive, même dans la salle où nous présentons les films de la compétition qui s’adresse aux élèves des écoles primaires et secondaires, qui est souvent pleine jusqu’au maximum de sa capacité (plus de 500 places). Ceci est certainement dû à la préparation que les enseignants font avant les projections (nous sommes l’un des rares festivals qui préparent des fiches pédagogiques pour chaque film), mais aussi au fait que regarder un film sur grand écran est en train de devenir un acte rare et donc la fascination de la démarche augmente.

 

De votre expérience, avez-vous l’impression que le jeune public connaît le cinéma suisse?

Je pense qu’il ne le connaît pas beaucoup. Mais si, comme nous le faisons, on le lui propose, la réponse est souvent positive. L’exemple de «Halb so Wild» est un bon exemple. L’année dernière, non seulement le film a été primé par le jury, mais il a également été accueilli avec enthousiasme par les étudiants présents à la projection.

 

Selon quels critères sélectionnez-vous les œuvres qui composent votre programmation? 

Les critères de sélection sont différents pour chacune des compétitions (et cela ne pourrait pas être autrement), avec un dénominateur commun: offrir à notre très jeune et jeune public des films qui proposent des styles de narration (sur le plan du scénario ainsi qu’au niveau visuel) différents par rapport à ce à quoi il est habitué. En plus des comédies, nous cherchons également à proposer aux enfants et adolescents des films qui traitent de sujets parfois plus durs mais d’où l’on ressort en  pensant qu’il existe des solutions pour que les choses changent. Pour les jeunes de la compétition 16-20, le but est le même mais nous pouvons nous permettre des films dont la complexité de langage est plus élevée. Il reste enfin une évaluation de la qualité globale des œuvres qui nous permet de ne pas choisir des films qui pourraient être intéressants au niveau des contenus sans pour autant l’être niveau du langage.

 

Comment se forment vos jurys jeunes?

Le jury de la compétition 6-15 se compose d’élèves de dernière année de l’école secondaire (15/16 ans) qui ont suivi des cours de langage cinématographique. Pour le Jury 16-20, la plupart des membres sont issus du jury de Cinema & Gioventù, en collaboration avec le Festival del film Locarno, et des écoles supérieures où ils ont suivi des cours de cinéma.

 

Le cinéma tessinois se fait malheureusement souvent discret dans le milieu cinématographique suisse. Quelles en sont les raisons selon vous? Est-ce uniquement un souci linguistique ou s’agit-il d’un désintérêt de la part des Romands et des Alémaniques?

Je crois que les deux raisons sont valables, et que c’est également le fait d’un manque d’envie de la part du public, de prendre le risque de s’orienter vers ce qui lui est inconnu. N’oublions pas que les propositions sont vraiment multiples.

 

La 27ème édition du Castellinaria Festival Internazionale del Cinema Giovane aura lieu du 15 au 22 novembre prochains.

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