Alors que le secteur de l’audiovisuel est en pleine mutation, l’arrivée d’une nouvelle directrice de la section cinéma à la Haute école d’art et de design de Genève apporte un vent de fraîcheur et d’innovation.

Un entretien avec Anita Hugi évoque l’exploration d’un vaste paysage, où chaque mot dévoile un horizon de possibilités. La nouvelle directrice du Département Cinéma de la Haute école d’art et de design de Genève (HEAD) considère l’audiovisuel comme un domaine en constante évolution, marqué par des changements fondamentaux dans la production et la diffusion. « Je me trouve aujourd’hui dans une phase d’exploration, sans recettes toutes faites, mais une chose est claire : il y a une relève talentueuse en Suisse, explique Anita Hugi. À la HEAD, je souhaite développer les filières. Je songe au scénario dans toutes ses facettes, que ce soit pour le cinéma, les séries ou les œuvres immersives. Je pense à la caméra, en particulier aux femmes à la caméra, qui ne représentent aujourd’hui que 12 % de l’effectif. » Et d’ajouter : « En examinant la nouvelle génération de cinéastes, je constate que notre cinéma offre diverses opportunités. Il y a un potentiel pour élargir l’audience et peut-être ramener le public dans les salles de cinéma. »

À la tête du département depuis septembre, la directrice porte justement un projet de salle soutenu activement par la nouvelle directrice de la HEAD, Lada Umstätter. En collaboration avec le département d’architecture de l’institution, un « cinéma du futur » pourrait ainsi voir le jour sur le toit de la haute école, au cœur du quartier de la Servette, où elle s’est installée en 2019. Ce projet vise à soutenir les jeunes talents. « Je crois qu’une salle de cinéma doit continuer à proposer des expériences uniques et émotionnelles, davantage à l’ère numérique. C’est pourquoi il est crucial de former la relève à relever ces défis, à s’adapter et à innover. » Anita Hugi, qui s’est vu confier la tâche de développer la transdisciplinarité, s’est ainsi fixé pour objectif d’innover et d’amorcer de nouvelles collaborations. « La Haute école de musique de Genève (HEM) lance un appel à candidatures cet automne pour un poste de composition pour l’image, et de nouveaux liens seront tissés avec les domaines du son et de la composition. »

Également réalisatrice et productrice, Anita Hugi a été responsable de la programmation et de la production de films documentaires à la SRF pendant quinze ans. De 2019 à 2021, elle a dirigé les Journées de Soleure et créé le prix Opera Prima, qui met en lumière et récompense un premier long métrage. Aujourd’hui, elle souhaite insuffler son expertise à la formation. « Le cinéma est un métier d’avenir, compte tenu du nombre de personnes qui regardent des films sous différentes formes. Nous pouvons répondre à cette demande en proposant des idées cinématographiques percutantes, notamment en ouvrant davantage aux esthétiques portées par les femmes et les personnes LGBTQ+. » Dans les prochains mois, l’enseignement en production créative et écologique sera également renforcé.

En ce qui concerne la pénurie actuelle de main-d’œuvre, Anita Hugi souligne : « Une école se doit d’être présente et de former. Cependant, ce manque de personnel aujourd’hui n’est pas un échec, au contraire. Si l’on compare notre société actuelle à celle d’il y a 50 ans, il est évident que le cinéma, l’image et le son ont gagné en importance, offrant ainsi de nouvelles opportunités. »