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Témoignage d’une jeune critique


29 juillet 2015

Pascaline Sordet fait partie des dix jeunes critiques de cinéma qui ont participé à la dernière édition de la Critics Academy. Nous lui avons demandé de nous faire part de son expérience.

L’ambiance entre les « critics » et leurs mentors était « chouette », raconte Pascaline Sordet. On aurait passé beaucoup de temps ensemble, aussi pendant les repas ou le soir. Au ton de sa voix, on comprend vite que la Critics Academy n’a rien d’une villégiature enrichie de projections de films avec vue sur le lac. La jeune Romande de 27 ans parle de son expérience de l’année dernière d’une voix vive et réfléchie, laissant poindre sa motivation et son ambition.

Sordet évoque ses discussions avec Stéphane Gobbo, rédacteur culturel de L’Hebdo et son principal mentor, qui lui auraient été d’un grand apport. Elle aurait beaucoup appris de lui sur les modalités de travail dans le journalisme (du cinéma), sur le travail au sein d’une rédaction ou sur la position des critiques au sein de la branche. Elle trouve également enrichissant d’avoir eu la possibilité de comparer les méthodes de travail de critiques « internationaux » comme Eric Kohn d’Indiewire ou des rédacteurs de la revue professionnelle Variety. Elle a été frappée par le ton direct, énergique des textes de Kohn, et par son approche libre et décontractée des sujets cinématographiques. Elle aurait l’impression que les critiques anglophones se prennent moins au sérieux que leurs homologues francophones, et que leurs textes sont plus personnels. Les rencontres avec les Press Agents, éditeurs et rédacteurs – internationaux – ainsi que les programmateurs de festivals, distributeurs et autres participants de la Summer Academy auraient aussi été d’un grand intérêt.

 

Une expérience motivante

En ce qui concerne la rédaction proprement dite, exécutée sous le regard critique des mentors, Sordet en a peut-être moins appris que d’autres. En effet, avant de participer à l’Academy, elle avait déjà terminé une formation journalistique (au Centre romand de formation des journalistes à Lausanne) et comptait même une certaine expérience dans la rédaction (journalisme d’actualité pour Le Matin, critique de cinéma pour le Pour-cent culturel Migros ainsi que pour Profile). Avant cela, elle avait suivi une formation de réalisatrice à la HEAD. Locarno lui apporta néanmoins la possibilité de s’essayer à de nouveaux genres de textes, comme des compte rendus de conférences de presse, ou deux articles en anglais pour Indiewire. Sa participation à l’Academy l’a-t-elle concrètement aidé à trouver des mandats, ou apporté une meilleure perspective en tant que journaliste ? Et sait-elle si c’est vraiment ce qu’elle veut ?

Elle nous confie que cette expérience lui aurait permis de s’assurer de son désir et de sa compétence à travailler en tant que journaliste. Après sa participation à l’Academy, Sordet a entrepris de nouvelles études en philosophie – il ne lui reste donc plus qu’environ un jour par semaine pour son activité de rédactrice indépendante. Plus tard, elle aimerait travailler comme journaliste freelance tout en se « diversifiant », comme elle dit, par exemple en tant que rédactrice pour des festivals.

Elle ne se fait cependant pas d’illusions : en Suisse romande, les postes pour écrire sur le cinéma sont rares, et la couverture est assurée par une poignée de rédacteurs.

Elle dit aussi avoir remarqué que la plupart des critiques sont des hommes d’une cinquantaine d’années – en tout cas en Suisse romande, il n’y aurait que très peu de femmes. Toujours est-il qu’elle écrit désormais régulièrement pour cineman.ch, même s’il ne s’agit que de textes plutôt courts (Stefan Gubser, rédacteur en chef de cineman.ch jusqu’en juin 2015, est un des mentors de l’Academy). C’est ainsi que nous en arrivons à parler d’une possible amélioration à l’Academy : il serait utile pour les jeunes critiques d’y rencontrer davantage de rédacteurs suisses.

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