En Suisse, les festivals de cinéma et les plateformes en ligne apprennent à travailler ensemble.

La philosophie des festivals de cinéma quant à l’intégration ou non de productions de plateformes en ligne dans leur programme varie. Jusqu’à présent, Cannes s’y était farouchement opposé, Venise en revanche a accueilli plusieurs premières mondiales, Sundance également. Berlin avait jusqu’à cette année sa propre section consacrée aux séries. 

Pour sa part, le Zurich Film Festival a tissé des liens étroits avec Netflix en présentant plusieurs premières européennes de films. « Netflix s’engage à garantir des conditions de projection parfaites », déclare Christian Jungen, directeur artistique du ZFF. La première coproduction entre la Suisse et Netflix, intitulée « Early Birds », a été présentée lors du festival.

Giona A. Nazzaro, directeur artistique du Locarno Film Festival, n’exclut pas non plus une collaboration future. « Ces dernières années, il est apparu que les réalisateur·trice·s de films d’auteur pouvaient profiter d’une certaine prise de risque de la part des plateformes par rapport aux stratégies des sociétés de production classiques », estime-t-il. Pour que cela bénéficie au cinéma suisse, il suggère de surmonter la fausse dichotomie entre le film d’auteur et le divertissement supposé.

Selon Thierry Jobin, directeur du Festival international du film de Fribourg, la tendance est en train de changer, et les plateformes vont de plus en plus diffuser leurs films dans les festivals. « Un système économique va se mettre en place, mais pour l’instant, on ne voit pas encore la fin de l’actuel, explique-t-il. Aujourd’hui, c’est plutôt à notre avantage, c’est-à-dire que cela ne coûte quasiment rien. La négociation peut être un peu plus compliquée, c’est tout. »