Pour la quatrième année consécutive, les professionnels de l’audiovisuel profiteront de la visibilité offerte par Visions du Réel pour rencontrer les politiciens romands.

Un unique soir pour convaincre ? Pas tout à fait. La Soirée de l’audiovisuel indépendant romand – nom officiel du dîner politique nyonnais – est l’événement le plus visible d’un travail de lobbying qui se construit tout au long de l’année. « Ce n’est pas juste une soirée, il y a un véritable travail de fond derrière, mais cette rencontre annuelle nous permet de garder le contact et de ne pas sortir de nulle part quand nous sommes à l’ordre du jour politique », explique Yasmine Abdel Aziz, coordinatrice de la soirée et membre du comité de l’AROPA. Cinq lettres qui désignent l’Association romande pour la production audiovisuelle, le nouveau nom du Forum Romand.

« En tant qu’ancienne professionnelle du lobbying, je me réjouis de voir le succès de cette soirée se confirmer d’une année à l’autre. Pour cette édition, nous avons eu des manifestations d’intérêt avant même d’envoyer les invitations », note cette ancienne responsable du lobbying pour l’ONUSIDA, passée à la production en fondant Nouvelle Tribu. L’objectif est de réunir un maximum de députés de tous les bords politiques. Mille cartons sont partis et une trentaine de politiciens ont confirmé leur présence. Le repas réunit une centaine de personnes, pour un coût total inférieur à 20'000 francs, essentiellement financé par l’AROPA, Cinéforom, Visions du Réel, la SSA, Suissimage, Swissperform et Cinésuisse.

Pédagogie de longue haleine

Au moment de la création de Cinéforom, en 2011, il y a eu un grand effort de mobilisation pour convaincre les cantons romands de fédérer leurs moyens. Dans un contexte de crispation économique et de remise en question du service public, il est important de le maintenir pour s’assurer de la pérennité du projet. Une tâche que l’AROPA a prise en main.

La dernière grande opération de séduction, menée en collaboration avec Cinéforom, concernait le renouvellement des conventions entre le Canton de Genève et la Fondation. Une délégation de producteurs et de cinéastes a rencontré tous les groupes politiques du Grand Conseil. « Les politiciens sont extrêmement réceptifs, mais ils gèrent beaucoup de dossiers très techniques et ne peuvent pas être au courant de toutes les spécificités de notre profession. C'est aussi pour cela qu’ils nous accueillent très chaleureusement, ils sont contents d’en apprendre plus sur le fond de ce qu’ils votent », commente Romed Wyder, président sortant de l’AROPA. Le cinéma a un côté fédérateur – contrairement à d’autres domaines de la culture assez marqués à gauche – auquel les politiciens sont sensibles quelle que soit leur affiliation politique. Mais si l’agenda d’un parti vise à couper les subventions culturelles, le cinéma n’est pas épargné pour autant.

Effet structurant

L’ex-Forum Romand est en pleine mutation. Il représente certes les producteurs, mais bien l'ensemble de la production romande, comme son nouveau nom le signale : « Nous, producteurs, avons conscience d’être un organe visible pour les politiciens, mais nous n’existons pas sans le reste de la branche », explique Yasmine Abdel Aziz. Le nouveau comité élu se choisira un ou une présidente dans les semaines qui viennent avant de s’atteler aux prochains grands chantiers, qui concernent l’ensemble de la branche : une réflexion sur la meilleure manière d’impliquer les fournisseurs d’accès, comme Swisscom ou Orange, dans le financement du cinéma, l’éventuelle faisabilité des crédits d’impôts ou encore des micropaiements ou des taxes publicitaires.

Quels que soient les points d’achoppement entre les différents secteurs de l’audiovisuel, la soirée annuelle à Nyon a un effet structurant pour la branche : « Même si ce sont les producteurs qui initient la démarche, conclut l’organisatrice, ce sont les cinéastes et les comédiens que les politiciens ont envie de rencontrer. » Aucun doute que Claude Barras sera largement sollicité.

 

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