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«No Billag», Cinéforom prend position

comm / Cinéforom
31 mai 2017

Dans une tribune libre publiée par Le Temps et la NZZ, Cinéforom s'est exprimé sur les effets collatéraux d’un affaiblissement de la SSR et les périls qui attendent la création audiovisuelle indépendante.

Les discussions en cours au sein du parlement fédéral concernant la place du Service public, le rôle de la SSR, son périmètre d’action, ainsi que son mode de financement ne peuvent nous laisser indifférents. Depuis de nombreuses années, les créateurs indépendants de l’audiovisuel suisse portent un regard singulier sur notre réalité, apportent leur contribution culturelle et réflexive à l’ensemble des citoyens et portent loin à la ronde l’image d’une Suisse diversifiée, curieuse, ouverte au monde.

Dans un pays de petite taille tel que le nôtre, construit sur quatre cultures linguistiques différentes, maintenir une création audiovisuelle vivante qui se fasse remarquer face à une concurrence internationale aigüe, est un défi stimulant mais complexe. L’existence de ces films de fiction ou documentaires n’est toutefois possible que grâce à la complémentarité des trois piliers fondamentaux qui encouragent la création audiovisuelle suisse : L’Office Fédéral de la Culture dont le soutien au cinéma est inscrit dans la Constitution, les fonds régionaux que sont notamment Cinéforom (Fondation Romande pour le Cinéma), la Zürcher Filmstiftung, Pro Cinéma Berne ou le Fonds de la région bâloise, et enfin bien entendu la SSR.

Par un accord négocié avec la branche audiovisuelle indépendante suisse - le Pacte de l’Audiovisuel -, la SSR s’engage depuis de nombreuses années à coproduire des œuvres initiées par des auteurs et producteurs indépendants en investissant annuellement quelques 27.5M dans ce domaine. Cet effort financier s’accompagne d’une volonté de diffuser ces œuvres sur ses antennes, offrant ainsi un relais indispensable pour permettre à ces regards singuliers d’atteindre une large audience dans notre pays. Ce faisant, la SSR accomplit son mandat de Service public en facilitant la circulation d’œuvres culturelles, véritables ferment de notre identité, et à les faire exister par-delà les barrières linguistiques nationales. Même si certains aspects de cet engagement sont perfectibles, cette attitude volontaire et responsable de la SSR est évidemment à saluer. Qui peut en effet prétendre que, dans un marché aussi étroit que le nôtre, des structures privées pourraient prendre le relais dans ce domaine et garantir un traitement égalitaire envers nos créateurs, et ce dans toutes les régions de notre pays ?

Par l’affaiblissement du financement de la SSR, c’est tout l’édifice reposant sur ces trois piliers qui se mettrait à vaciller, mettant ainsi en péril la création audiovisuelle suisse, en particulier dans les régions latines, et menaçant de réduire à néant les efforts conjoints des collectivités publiques à l’échelle nationale et régionale.

Il en va du risque de fragiliser la cohésion nationale qui fait la force de notre pays, illustrée aujourd’hui par le fin mécanisme de redistribution de la redevance construit sur la solidarité entre région majoritaire et régions minoritaires.

Il en va également de la bonne santé de tout un tissu économique et créatif constitué de nombreuses PME, qui offrent des centaines d’emplois à des artistes, des techniciens, des sous-traitants industriels.

Il en va enfin de notre capacité à produire nos propres images et à les offrir au reste du monde avec cette originalité et cette diversité de regards qui font la fierté de notre pays.

De « La Salamandre » à « Ma vie de Courgette » en passant par « Les faiseurs de Suisses », « Les petites fugues », « Die götlliche Ordnung », « More Than Honey », « Mais im Bundeshuus », « Heidi » ou encore « L’Enfant d’en haut» ou « Grounding », aucune de ces œuvres, désormais parties intégrantes de notre patrimoine culturel, n’auraient pu exister sans un partenariat fort de la SSR avec la branche audiovisuelle indépendante. A l’heure où d’aucuns veulent à tout prix couper les ailes d’un service public de qualité, il est bon de s’en rappeler.

Par Gérard Ruey, Secrétaire général

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