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Communication


23.01.2024

Hommage à Ivo Kummer


Lors de sa séance du 18 janvier 2024, la Commission Fédérale du Cinéma (CFC) a pris congé de Ivo Kummer, Chef de la Section Cinéma.  À cette occasion, Gérard Ruey, Président de la Commission Fédérale du Cinéma, lui a rendu hommage. Voici les mots qu'il a partagés.

Cher Ivo,

Voilà plus de 4 décennies que nous cheminons tous les deux dans le milieu du cinéma suisse.

En 1987 tu créais ta société de production Insert Film. Dans mon souvenir, nos premiers échanges datent de notre implication au sein de l’association de producteurs SDF FFD où nous avons fait nos premières armes dans la politique cinématographique.

Parallèlement, ton attachement à ta région et surtout aux Journées cinématographiques de Soleure t’a fait choisir le poste de directeur artistique du festival que tu as repris en 1989. Tu as su faire grandir cet événement, le rendre incontournable pour toute la branche et réussi à y attirer de plus en plus de romands jusque là plutôt frileux à affronter le frimas soleurois.

Après 22 ans passées à la direction du festival, tu as accepté de te lancer un nouveau défi en te portant candidat à la direction de la section Cinéma de l’OFC. Encouragé par tes pairs, tu n’as pas craint d’affronter les vents contraires. Parce que pour reprendre un tel poste, il faut beaucoup de courage et de ténacité… ou d’inconscience. Je pense qu’en ce qui te concerne c’est bien les deux premières qualités qui ont dicté ton choix.

Il faut dire qu’en 2011, les relations entre la branche, la Section Cinéma et l’OFC n’étaient de loin pas au beau fixe…. Ta première tâche a donc été de tenter d’apaiser les choses et de mettre en place des espaces d’échanges productifs entre la profession et l’institution.

Tu as également assez rapidement compris que pour faire avancer les choses, la Section Cinéma devait pouvoir s’appuyer sur des statistiques fiables, jusque-là totalement inexistantes, afin de mieux cerner les enjeux et profiler des solutions. Afin d’atteindre ce nouvel objectif, tu as élargi peu à peu ton équipe en la dotant de nouvelles compétences.

Tu as su prendre ton bâton de pélerin et, sans renier tes convictions profondes au service d’un cinéma indépendant, créatif et exigeant, tu as réussi à faire évoluer peu à peu les mécanismes de soutien et à élargir les enveloppes budgétaires. Ce qui, avouons-le, n’est pas une mince affaire tenant compte de l’inertie inhérente à une institution ancrée au sein de l’administration fédérale.

En ce sens, je citerai deux évolutions salutaires : le PICS tout d’abord qui a permis d’apporter par un mécanisme automatique un financement annuel supplémentaire de quelques 6 MF et dont aujourd’hui la majeure partie de la profession salue l’importance.

Et plus récemment la modification de la Loi sur le Cinéma, remportée dans un vote populaire qui lui confère toute sa légitimité, et qui ouvre de nouvelles perspectives aux acteurs de la production audiovisuelle grâce aux obligations d’investissement des plateformes de streaming.

Bien entendu ton action ne se résume pas à ces seuls exemples, mais il serait fastidieux d’en faire la liste exhaustive.

J’aimerais encore saluer ton sens de l’humour dont tu as toujours su faire preuve, et la subtilité de ton art oratoire, que ma maîtrise déficiente de la langue de Goethe ne m’a pas toujours permis d’apprécier à sa juste valeur. Jean-Pascal Delamuraz a dit un jour : Les Suisses s’entendent bien parce qu’ils ne se comprennent pas. Je crois que parfois nous en avons été tous deux le parfait exemple…

A l’heure de prendre ta retraite, permets-moi de te souhaiter en mon nom et au nom de mes collègues de belles années empreintes de liberté et de nouvelles aventures. Je ne doute pas que nos chemins continueront à se croiser à l’occasion de futurs événements cinématographiques.

Amicalement,

 

Gérard Ruey

Président de la Commission Fédérale du Cinéma