Communication

par Rolf Bächler

La tonnerre d’applaudissement éclata à l’apparition du premier titre du générique de fin, et reprit lorsque la lumière s’alluma et la salle entière se leva pour une ovation qui ne s’apaisait qu’au bout de plusieurs minutes. Au milieu, Claude Barras, ému, radiant, dont le premier long-métrage, "Ma vie de Courgette", venait de passer en compétition pour le Cristal d’Annecy dans la Grande salle de Bonlieu, la cour centrale du festival.

À ce moment, suite à deux séances précédentes à la dépendance au multiplex Pathé, la rumeur de « à voir absolument » avait déjà fait le tour, et les jours suivants « Courgette » se maintenait dans le groupe de tête des films évoqués parmi les festivaliers. La révélation lors de la remise des prix d'avoir définitivement conquis le cœur des spectateurs ne fut donc pas vraiment surprenant. D’autant plus fort le coup d’émotion à l’annonce du Cristal d’Annecy du Long métrage, quand l’improbable devint un fait: la doublette des deux prix les plus prestigieux du monde de l’animation (les Oscars, c’est une affaire américaine). Au-delà du flic paternel de l’histoire et du public dans les salles, le petit garçon orphelin était aussi adopté par le jury des professionnels.

Et pourtant, le projet était parti avec une prémisse au plus improbable pour un pitch: l’histoire d’un garçon abandonné par son père, qui involontairement tue sa mère alcoolique et se retrouve dans un foyer où ses compagnons d'infortune discutent des sujets tels que le procédé de progéniture. Il a fallu 10 ans de gestation, dont 10 mois de tournage, pour que le projet vît enfin la lumière des écrans. Une flexibilité circonstancielle appariée d’une obstination douce, et surtout une persévérance qui témoigne de la confiance du réalisateur en son projet, sont les qualités qui ont abouti en une œuvre singulière et émouvante qui renoue avec les classiques du mélodrame pour enfants.

« Ma vie de Courgette » sort en salle le 19 octobre en Romandie, en février 2017 en Suisse alémanique.