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L'animation, un art sous-représenté

Teresa Vena
07 juin 2023

« Sweet Pie » © Tiny Giant GmbH

Rencontre avec Yves Gutjahr et Claudia Röthlin, directeur·trice du studio Tiny Giant, spécialisé dans le motion design et qui compte parmi ses clients des entreprises comme Freitag, Sennheiser et Victorinox.

Le studio Tiny Giant d'Yves Gutjahr et Claudia Röthlin, basé à Emmen, évolue aussi bien dans le milieu du cinéma indépendant que dans celui des films de commande. Le stop-motion est l'une des techniques préférées du duo, parfois en combinaison avec des marionnettes faites maison comme pour la campagne de l'Expo Milan de 2015. Entretien avec Yves Gutjahr et Claudia Röthlin, qui évoquent les défis de l'animation dans la production de films de commande.

 

Quelle est, selon vous, la place de l'animation au sein du secteur des films de commande ? 

L'animation est très souvent utilisée dans la publicité, sous forme d'effets spéciaux et de motion design, et passe presque inaperçue. La plus grande partie des publicités est toutefois constituée de films en prises de vues réelles. L'animation est fortement sous-représentée, c'est une niche. Dans le paysage de la production suisse, il y a surtout des productions en prises de vues réelles, l'animation est donc tout simplement oubliée. Mais je dirais aussi qu'en Suisse, les annonceurs·euses ont une attitude plutôt conservatrice et qu'ils·elles misent donc volontiers sur des habitudes visuelles connues.

 

Tracez-vous vous-même une frontière stricte entre le travail artistique et le travail de commande ?

Non, cela ne fait pas vraiment de différence pour nous. Nous pouvons nous épanouir artistiquement dans les deux mondes. Nous aimons travailler sur des projets passionnants, l'ordre de grandeur et le fait que ce soit pour le théâtre, le cinéma, la télévision ou le web ne jouent aucun rôle.

 

Vous avez une prédilection particulière pour la technique du stop motion. Ne dit-on pas que celle-ci est l'une des plus chères de l'animation ? Comment cela s'inscrit-il dans le secteur des commandes ? Pourquoi veut-on et peut-on se le permettre ?

Selon le type de mise en œuvre, chaque technique d'animation peut être produite de manière bon marché ou coûteuse. Dans le cas du stop motion par exemple, les films de marionnettes ont tendance à être plutôt onéreux, il en va de même pour les films en images de synthèse basés sur des personnages ou pour les dessins animés classiques, mais il est impossible de généraliser. Dans l'ensemble, nous considérons que le secteur des commandes est très sensible aux prix. Si un projet est trop cher, il se peut que le marché parte à l'étranger. Dans de nombreux types de réalisation, le stop motion n'est pas plus cher que le cinéma en prises de vues réelles ou d'autres techniques d'animation. La technique est avant tout une question de préférences.

 

Quelles caractéristiques, quel effet de l'animation souhaitez-vous mettre en avant ou obtenir ?

Nous voulons briser les habitudes visuelles, l'animation rend possible l'impossible, nous jouons avec cela.

 

Lire aussi: notre article « L'animation dans le secteur des commandes »

 

L'animation n'a-t-elle pas tendance à être utilisée de manière humoristique ou ironique ?

Je pense que c'est une vision dépassée. Aujourd'hui, l'animation parvient à être perçue de manière très diversifiée. C'est encore différent pour la télévision classique, où l'animation est généralement réservée aux enfants ou aux programmes de fin de soirée. Mais la réalité montre que ce sont justement les thèmes sérieux, comme dans « Chris le Suisse », « Ma vie de Courgette » ou « Les dernières lucioles », qui peuvent très bien être transposés en animation.

 

Qu'en est-il en termes de ressources humaines ? Avez-vous des difficultés à trouver le personnel nécessaire ? Le secteur du cinéma indépendant se plaint d'une pénurie de techniciens.

Il n'y a qu'un pool limité de réalisateur·trice·s de films en stop motion, mais aussi un marché limité. Cela s'équilibre à peu près. Comme nous disposons également d'un bon réseau international, trouver les bons collaborateurs et collaboratrices n'a jamais été un problème jusqu'à présent.

 

FREITAG F600 CARTER © Tiny Giant GmbH

 

Avez-vous délibérément opté pour le secteur des commandes par rapport au secteur de l'animation indépendante ?

Oui, nous avons fait ce choix en toute connaissance de cause. La publicité nous convient très bien et nous travaillons en parallèle régulièrement sur des productions indépendantes, que ce soit dans le domaine du film d'animation, du théâtre ou des expositions.

 

Lire aussi: notre interview avec Oliver Aemisegger de Frame Eleven.

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