Oliver Aemisegger est directeur artistique chez Frame Eleven. Le studio s'est spécialisé dans la production de films de commande, notamment dans les différents formats les plus utilisés pour le marketing. Axa, SRF, Migros et Tele Bärn font partie de ses clients, tout comme des entreprises internationales ayant leur propre site en Suisse. Lors de l'entretien, Aemisegger a donné un aperçu de l'importance de l'animation dans le secteur des films de commande.

Pour quels genres de contributions (publicité, film d'entreprise, etc.) recourt-on principalement à l'animation ?

Toute la gamme. Les éléments de motion design sont présents dans presque toutes les productions, le packshot en est un exemple typique. Les films d'animation entièrement animés sont principalement utilisés pour la communication sur les médias sociaux ou comme films explicatifs pour les produits et les services. L'animation a l'avantage de ne pas imposer de limites aux idées dans la réalité.

 

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La production de projets partiellement ou entièrement animés est-elle nécessairement plus chère que sans animation ?

Absolument pas. Un spot publicitaire ou un film d'entreprise classique, avec plusieurs jours de tournage, peut vite devenir très cher. Une bonne idée reste une bonne idée, même si elle a été réalisée avec de simples croquis.

 

PSI © Frame Eleven

 

L'investissement en personnel est-il plus important ?

Pas nécessairement. Là encore, tout dépend de l'idée. Certains réalisateurs de films d'animation produisent à eux seuls des spots publicitaires entiers. C'est plutôt rare dans le cinéma classique. Il est clair que les productions complexes, qui doivent être réalisées dans des délais serrés et qui nécessitent des personnes spécialisées, deviennent rapidement très coûteuses.

 

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Y a-t-il suffisamment de professionnel·le·s pour y faire face ?

Les professionnel·le·s des hautes écoles sont là. Il y a chaque année de nouveaux talents qui terminent leurs études. Le problème est structurel : nous avons trop peu d'entreprises qui peuvent engager ces talents à long terme à des conditions équitables. De ce fait, le secteur manque de continuité et de visibilité vis-à-vis des donneurs·euses d'ordre.

De plus, nous avons un autre problème, que j'appelle le paradoxe du style suisse : le design graphique et typographique suisse jouit jusqu'à aujourd'hui d'une excellente réputation internationale. Bizarrement, cela n'intéresse personne ici. J'aimerais que les designers suisses soient davantage valorisés, afin qu'ils puissent travailler ici dans de meilleures conditions.

 

Quels sont les caractéristiques et les avantages de l'animation pour les travaux de commande ?

Je pense que les plus grands avantages sont les éléments fantastiques inattendus et progressifs. Le motion design peut en outre transmettre des contenus de manière très efficace et a un effet de marque extrêmement fort. J'ai souvent l'impression qu'aujourd'hui, dans les productions de films de commande en prises de vues réelles, on pourrait simplement changer le logo à la fin et cela fonctionnerait quand même. C'est là que réside la chance du film d'animation, qui permet de se démarquer de la masse. 

 

UBS Kids © Frame Eleven

 

Avez-vous délibérément opté pour le secteur de la commande par rapport au secteur de l'animation indépendante ?

En fait, non. Je voulais juste y jeter un coup d'œil. Mais j'ai dû me rendre à l'évidence, la durée plus courte des projets me convient. Je trouve aussi que le contact quotidien avec des personnes d'horizons très différents est enrichissant. Malgré tout, j'aime les films expérimentaux et je m'active pendant mon temps libre pour me développer artistiquement. J'ai un grand respect pour les réalisateurs de films d'auteur en Suisse, ils ont plus de persévérance que moi et beaucoup d'idées surprenantes.