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Un nouvel outil pour la production


01 octobre 2015

L'OFC propose une nouvelle ordonnance sur la coopération internationale pour mieux soutenir la présence internationale et les échanges avec l'étranger. Parmi les futures mesures se trouve le « slate funding ». Explications.

Par Winnie Covo

Toujours dans une optique de compenser la perte engendrée par le gel des accords MEDIA suite aux votations du 9 février 2014, l’Office fédéral de la culture proposera dès l’an prochain une nouvelle ordonnance sur la coopération internationale  pour mieux soutenir la présence internationale et les échanges avec l'étranger.

Cette ordonnance (ndlr : actuellement en consultation de la branche jusqu’à la fin du mois d'octobre) remplacera donc à partir de l'année prochaine la solution provisoire qu'avait arrêtée le Conseil fédéral. Parmi ces mesures se trouve le slate funding, le soutien des films suisses dans les festivals étrangers, le renforcement des informations aux partenaires étrangers sur ce qui se passe en Suisse ainsi que l’aide à l’exportation des films suisses.

C’est cette première mesure proposée, dite de slate funding, qui représente une vraie nouvelle opportunité pour le monde de la production. Il s’agit d’une possibilité pour les producteurs de non plus uniquement soumettre leurs projets de manière individuelle mais de présenter un catalogue d'œuvres dans les domaines de la fiction, du documentaire et de l'animation. Ce mécanisme permet alors aux sociétés de production de bénéficier d’un soutien pour développer des paquets de projets, et donc de les pousser à adopter des stratégies de développement plus structurées. « Cela s’adresse principalement aux sociétés de production gérant un certain volume, c’est-à-dire qui ont la capacité de gérer de front plusieurs développements de longs-métrages en parallèle, ce qui n’est pas toujours évident », souligne Pauline Gygax, cofondatrice de Rita Productions, à Genève. L'objectif de la mesure est le soutien d'œuvres audiovisuelles qui ont un potentiel pour le marché européen. Son introduction est prévue pour le 1er juillet 2016, date de l’entrée en vigueur prévue des nouvelles ordonnances de soutien.

 

 

 

Mais qu’est-ce que cela va changer pour les sociétés de production qui souhaitent en faire la demande? « La différence majeure entre le slate funding (catalogue de 3 à 5 projets) et l’aide au développement de projet individuel est que, dans le slate, la structure et le fonctionnement de la société de production sont considérés à leur juste valeur, continue Pauline Gygax. En effet, nous savons tous que les phases de développement sont des périodes complexes, leurs coûts ne pouvant pas, la plupart du temps, être pris en compte dans les soutiens habituels, ou alors plafonnés forfaitairement. Et ce forfait de 15% est souvent mis en participation. Le financement du développement selon MEDIA accepte en revanche les coûts internes liés au développement des films. Par ailleurs, le niveau d’exigence des dossiers MEDIA oblige lors du dépôt d’un slate à effectuer une sorte d’audit, tant sur sa propre société que sur les projets, ce qui s’avère toujours très utile. Cela permet de mettre en évidence les forces et faiblesses des différents projets, comme de la société. Enfin, le Slate aide à structurer les actions et les coûts inhérents à chaque développement, à mieux maîtriser son calendrier, bref il aide passablement à renforcer le professionnalisme de la structure. »

Pour exemple, la productrice genevoise nous explique que sa société a obtenu un slate I en 2012, ce qui a considérablement aidé sa structure dans les deux ou trois ans qui ont suivi. « Nous nous apprêtions justement à postuler pour un slate II - dossier globalement simplifié et surtout guichet bien moins couru au niveau européen que celui du slate I -, lorsque nous avons été éjectés du programme MEDIA en février 2014. Nous sommes donc ravis de pouvoir à nouveau déposer une demande de slate funding dès l'année prochaine. »

Du côté de l’OFC, Laurent Steiert souligne que ce slate funding se fera dans la même logique que celle proposée actuellement par MEDIA. Les critères de base s’orientent sur les critères de MEDIA, mais il s’agit de regarder maintenant comment transposer ceux-ci au cadre légal suisse sans créer de contradictions. « Selon les conditions MEDIA, chaque projet faisant partie du paquet proposé reçoit un nombre de points, et celui qui en obtient le plus est soutenu. Mais considérant que nous avons en Suisse moins de demandes (qu’au niveau européen) et donc moins de concurrence entre les films en termes d’aide au développement, un seuil de points minimum à atteindre est prévu. »

A noter que l’aide au développement de projet individuel est maintenue. Les plus petites sociétés de production qui ont un volume de productions moins important pourront de fait toujours y prétendre. Il s’agira alors de trouver un moyen de créer une compensation financière entre les différents instruments, en sachant que l’enveloppe globale, elle, ne change pas. « Toute la difficulté sera également d’opérer la transition entre les mesures compensatoires actuelles, en vigueur jusqu’en juillet 2016, et le nouveau régime, une demie année de mesures compensatoires actuelles, telles que nous les connaissons, et une autre demie année (juillet 2016) sous le nouveau régime », poursuit Steiert.

Et les discussions continuent...

Pour ce qui est de l’état actuel des négociations, Laurent Steiert explique que l’OFC est toujours en discussions avec l’UE avec pour objectif d’arriver à un texte d’accord pour être prêt le jour J (lorsque le contexte global des relations entre la Suisse et l’UE se sera clarifié) à réintégrer le programme. « Nous sommes toujours tributaires de l’évolution globale des rapports entre la Suisse et l’Union européenne qui fixe les conditions cadres », conclut-il.

Pour sa part, Pauline Gygax rappelle que ces mesures compensatoires sont absolument nécessaires « Le gel des accords a été, et continue à être très préjudiciable au cinéma suisse dans son ensemble. En termes de réseau, de compétitivité, d’aide à la distribution et à la visibilité des films, réintégrer MEDIA est indispensable à moyen terme pour le cinéma suisse. »

 

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