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La coproduction internationale comme marque de fabrique

Teresa Vena
19 mai 2024

Jérémie Kessler du CNC © Eric Bonté / CNC

À Cannes, le programme Aide aux cinémas du monde du CNC fait le bilan de ses douze années d'existence. 

Dans le cadre d'une table ronde organisée par le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée), il a été question de la valeur de la coproduction internationale. Le fonds Aide aux cinémas du monde (ACM), géré conjointement par le CNC et l'Institut français, a posé en 2012 la première pierre des coproductions entre la France et des pays tiers. L'accent a été mis sur les pays partenaires qui disposaient et disposent encore d'une aide au cinéma peu développée sur le plan institutionnel. Avant d'aborder l'échange entre les producteur·trice·s internationaux·les et les cinéastes qui ont fait l'expérience de projets soutenus par l'ACM, il y a eu une présentation du fonds lui-même. 

Celle-ci a été donnée par Michel Plazanet, directeur adjoint du CNC. Il a rappelé au public les principaux éléments du fonctionnement de l'ACM et a introduit les dernières adaptations de la procédure de soutien. Les trois principaux objectifs de l'ACM sont de «promouvoir la diversité du cinéma mondial», de «favoriser les coproductions avec la France» et de «soutenir les jeunes talents». D'autres fonds cinématographiques européens fonctionnent selon des concepts similaires, comme le Hubert Bals Fund (Pays-Bas), le World Cinema Fund (Allemagne) ou Visions Sud Est (Suisse). L'ACM français est celui d'entre eux qui dispose du plus gros budget de soutien, rappelle Plazanet. Et ce budget a été porté à 6 millions d'euros pour 2024. Le montant auquel un projet individuel peut prétendre a également été augmenté, à savoir 500 000 euros pour la production et jusqu'à 70 000 euros pour la postproduction. Au cours de ses douze années d'existence, plus de 4 500 projets ont été soumis et 634 ont reçu un financement. Il en a résulté des coproductions avec 111 pays au total.

Ce portefeuille particulièrement large est certainement l'une des caractéristiques que l'ACM souhaite conserver. Mais en ce qui concerne les catégories de projets soutenus, il est prévu de développer à l'avenir la production d'autres formats que le film de fiction au sens classique du terme. En effet, sur les 634 projets soutenus, seuls 78 étaient des documentaires et neuf des films d'animation. C'est justement le domaine des films d'animation que l'ACM souhaite renforcer. Pour l'instant, seuls les longs métrages sont éligibles, bien que tous les genres soient concernés. Dans les années à venir, l'accent sera également mis sur le maintien de la tendance positive du pourcentage de femmes réalisatrices soutenues. En 2023, cette proportion était de 41 pour cent, soit le niveau le plus élevé depuis la création de l'aide ACM.

Outre l'augmentation du budget global, il existe une autre nouveauté technique. Le soutien financier d'une coproduction est lié à l'obligation de dépenser un pourcentage minimum de l'aide en France. Cela peut concerner différentes phases du projet, comme la production ou la postproduction. Elle peut également concerner des coûts impliquant des techniciens ou des talents français, ainsi que des organismes impliqués dans la production du projet. Le pourcentage de la subvention qui doit être dépensé en France est d'au moins 60%. Les demandes peuvent être déposées pour une aide aux frais de production ou de postproduction. Toutefois, un même projet ne peut pas bénéficier d'un soutien financier pour les deux phases. Et le financement de la postproduction n'est accordé qu'aux projets qui avaient déjà déposé une demande pour la phase de production, mais qui n'ont pas pu être retenus à ce moment-là. Cela signifie donc qu'il n'est pas possible de postuler pour un financement de la postproduction seule.

En ce qui concerne l'éligibilité des projets, l'ACM réaffirme ses critères actuels. Les projets réalisés en coproduction avec la France et n'importe quel autre pays sont éligibles. Les réalisateur·trice·s français·es peuvent également soumettre des demandes si leurs projets sont tournés dans une autre langue que le français. Dans le cas inverse, conformément à la vocation première de l'ACM, qui se concentre sur le soutien aux coproductions, les projets soumis doivent compter au moins un·e producteur·trice français·e et un réalisateur·trice d'un pays tiers. Dans tous les cas, le·la producteur·trice français·e recevra l'aide financière allouée. La langue parlée du film doit être soit la langue du pays d'origine du·de la réalisateur·trice, soit celle du pays dans lequel se déroule l'histoire. Cette mesure est considérée comme importante pour éviter que des projets ne soient réalisés uniquement pour des raisons commerciales et pour garantir la diversité culturelle du cinéma.

Enfin, Plazanet a évoqué la procédure de sélection des projets. Trois jurys de sélection ont été créés. L'un d'entre eux ne s'occupe que des projets de jeunes cinéastes qui se présentent avec leur premier ou deuxième film. Le deuxième jury évalue les projets de cinéastes expérimenté·e·s et le troisième se concentre sur tous les projets de postproduction. Le fait qu'une commission de sélection spécifique soit consacrée à la relève est très important pour l'ACM, explique Plazanet, car cela permet d'attribuer à cette catégorie la moitié du fonds de soutien disponible.

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