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Une année perdue pour le cinéma suisse ?

Communiqué / ARF/FDS
09 avril 2020

Tournage de "Quartier des banques" 2e saison de Fulvio Bernasconi ©Jay Louvion_RTS

Dans un communiqué du 6 avril, l’association suisse des scénaristes et réalisateurs tire la sonnette d'alarme et invite les autorités, les télévisions publiques ainsi que les cinémas et distributeurs à se mobiliser pour sauver les films suisses sortis récemment ainsi que ceux dont le tournage a été interrompu ou annulé.

Le 17 mars, les mesures ordonnées par le Conseil Fédéral ont brutalement stoppé la commercialisation des films. De nombreux festivals de cinéma ont été annulés et réduits à une édition online. Seul l’avenir nous dira si le Festival du Film de Locarno, de renommée internationale, pourra avoir lieu. Les premières de film prévues lors de ces événements sont elles aussi annulées ou se déroulent online, comme c’est le cas du film suisse en compétition internationnale à Visions du Réel « IL MIO CORPO » de Michele Pennetta (Close Up Films). Cependant les premières online ont beaucoup moins d’écho public et médiatique ainsi que des recettes minimes, malgré les efforts innovants des festivals pour donner de la vie à leur version online. Un report de ces premières n’est pas envisageable, car les festivals de la deuxième moitié de l’année recevront sans doute trop de films. Selon l'ARF, beaucoup de films sortis en 2020 sont donc menacé de finir aux archives avant même d’avoir été montrés.

 

Cinémas fermés, premières annulées

Certains films qui venaient de sortir comme « CITOYEN NOBEL » de Stéphane Goël ou « O FIM DO MUNDO » de Basil Da Cunha (Thera Production) ont disparu d’un jour à l’autre des écrans. Une reprise des projections en automne semble difficile, car d’autres sorties ont été repoussés à la fin de la crise du Corona, dont des grosses productions internationales comme le nouveau « James Bond » et bien d’autres blockbusters américains. Il n’y aura donc pas beaucoup de place pour les films suisses.

Selon l’association faîtière des exploitants de salles de cinéma et des distributeurs suisses de films « ProCinema », la sortie de différents films suisses a déjà été reportée à l’automne, entres autres «PETITE SOEUR» de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, (« Schwesterlein » Vega Films) réalisatrices du récent succès « Les Dames ».

Le secrétaire général de l’association suisse des scénaristes et réalisateurs de films ARF/FDS, Roland Hurschler, insiste « Ces changements entraînent des pertes de revenus. Les producteur·trices et auteurs de ces films n’auront pas les moyens de développer de nouveaux projets, ce qui met en danger leurs revenus futurs. »

Par conséquent, l’ARF/FDS invite les producteur·trices, les cinémas et les distributeur·trices à mettre à disposition plus de place et de temps sur les écrans aux productions suisses de 2020.

 

Pertes culturelles et financières

Pour les projets de films en cours, les effets du Corona sont tout aussi radicaux. Les tournages en cours et les préparations se sont brutalement arrêtées en mars, comme le film « OLGA » d’Elie Grappe (Point Prod) ou « UNE HISTOIRE PROVISOIRE » de Romed Wyder (Paradigma Films). Des financements supplémentaires ont été mis en place par les organismes de financement, mais il n’est pas certain que les productions concernées puissent être poursuivies à l’automne et que les films puissent être sauvés. En effet, les équipes de tournage ainsi que les comédien·nes ne seront pas forcément disponibles cette période.

Une double perte menace la Suisse. Le pays perd une partie importante de son capital culturel, les professionnels du cinéma perdent eux leur gagne-pain. Le producteur Ivan Madeo (Contrast Film) le résume ainsi : « À un moment où la communication est la chose la plus importante qui nous lie en tant que société, il est fatal de ne pas pouvoir raconter nos histoires. »

 

Plus de films suisses à la télévision

L’ARF/FDS a fait proposé aux télévisions publiques de profiter du temps d’antenne laissé libre par la pandémie pour diffuser des films suisses de fiction et documentaire. Le public, qui subit lui aussi la crise de plein fouet, a grand besoin d’un regard différent sur des thèmes sociaux ou de bons divertissements.

Les droits reversés aux auteurs pour une diffusion télévisuelle contribueront à aider les auteur·es de films par de précieuses rénumérations. Comme l'a montré une récente étude sur le revenu des auteur·es et réalisateur·trices de films suisses, 95% des cinéastes gagnent un salaire brut inférieur à 3 500 CHF par mois en temps normal. La crise du Corona aggrave les conditions de vie déjà précaires de ces professionnels.

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