Quelques mois après son diplôme, Sarah Imsand s’inscrit à l’Upcoming Lab des Journées de Soleure, un événement qui soutient la relève du cinéma suisse en faisant le lien entre des cinéastes à la fin de leurs études et des expert·e·s de la branche : « J’avais un projet en tête depuis longtemps, et je cherchais à avoir des retours, à entendre d’autres points de vue. Quand on sort de l’école, le développement et l’écriture sont des moments très solitaires. » La jeune femme développe un cinéma personnel qui interroge ses racines éthiopiennes et suisses, et se demande comme y trouver une place. Dans son premier court métrage « Le Chant de l’oiseau », réalisé dans le cadre d’un atelier de Bachelor de la HEAD avec Basil Da Cunha et Julie Gilbert, son oncle tient le rôle principal. Le film a été sélectionné à la Cinéfondation du Festival de Cannes en 2020. Malgré cette reconnaissance immédiate, obtenir son diplôme en temps de pandémie est un moment difficile.
A la différence des pitching traditionnels, l’Upcoming Lab propose de véritables échanges. Son coordinateur Tizian Büchi se souvient : « J’avais participé en tant que réalisateur à l’époque, avec un projet assez impressionniste, encore flou. Contrairement à un pitching avec une cloche qui sonne toutes les trois minutes, là les retours sont qualitatifs, puisque les experts ont lu les dossiers à l’avance. C’est un bon baromètre du travail en cours, tout en restant assez léger. » Ce format attire aussi bien les jeunes cinéastes que les sociétés de production. « J’ai participé comme experte, car je trouvais intéressant de donner des feedbacks, c’est aussi notre travail de productrice de pouvoir partager notre expérience », explique Michela Pini, productrice tessinoise à Cinédokké.
Coup de cœur professionnel
En janvier 2021, dans le cadre d’une édition virtuelle, la productrice échange avec Sarah Imsand autour de son projet « Olympia Station », documentaire sur ses tantes éthiopiennes qui vivent à Londres : « Un vrai coup de cœur. J’avais tellement de projets à l’époque, je n’en cherchais pas de nouveaux. Ce qui m’a attirée, ce n’était pas seulement le projet. Dès que j’ai rencontré Sarah, même sur l’écran, on a eu envie de travailler ensemble. »
Un des deux prix de 5000 francs décerné par la SSA et Suissimage vient récompenser le projet et stimuler le travail de la réalisatrice : « Michela m’a rappelée après ça et m’a proposé de produire le projet. Je n’ai pas hésité, j’ai suivi mon instinct. » Depuis, les deux femmes travaillent entre le Tessin et la Suisse romande, ou se rencontrent à Zurich. « Olympia Station » est en phase de développement. Grâce à des fonds de la télévision italienne, Sarah s’est rendue cet été à Londres pour des repérages. « Je me suis confrontée à plein de problèmes qui ont rendu le film plus juste par rapport à mon idée initiale. » Le financement du film est en cours, pour un tournage prévu dans le courant de 2022.
Texte original français
Marianne Wirth et David Wegmüller, direction artistique des Journées de Soleure
06 janvier 2022