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Le Zürcher Filmpreis remis à neuf

Kathrin Halter
18 février 2020

Julia Krättli, secrétaire générale de la Zürcher Filmstiftung, lors de la soirée 2019. © DR

Le Zürcher Filmpreis a fait l’objet d’une refonte. Il ressemble désormais à bien des égards au « Cadrage » décerné par la Ville de Zurich jusqu’en 2018 – avec quelques importantes différences.

La dernière édition du Zürcher Filmpreis a fait l’objet de nombreuses critiques et la cérémonie elle-même a suscité des frustrations (et des sarcasmes). Tout y est passé. Le fait que les organisateur·trice·s aient choisi de combiner un jury d’expert·e·s, chargé d’opérer une présélection dans les catégories fiction, documentaire et court métrage, avec un jury public, censé déterminer les gagnants parmi les films nominés. Le fait que le jury d’expert·e·s ait pu ignorer des favoris du public comme « Zwingli » ou « Female pleasure ». La raison d’être et l’utilité d’un jury public (Mischa Schiwow, conseiller municipal de Zurich pour la Liste alternative et ancien directeur de Swiss Films, a même adressé au Conseil municipal une demande écrite à ce sujet). La cérémonie de remise des prix elle-même, enfin, noyée dans le tohu-bohu festivalier du Zurich Film Festival.

 

Neuf lauréat·e·s à la place de trois

On ne peut pas dire que le conseil de fondation de la Zürcher Filmstiftung ne se soit pas remis en question. Au début du mois de décembre, deux mois seulement après l’événement, il a décidé de modifier les modalités de remise des prix dès l’édition 2020, en tenant compte des principales critiques émises. Il estime par exemple que les films nominés passent inaperçus au sein du programme du ZFF, que le nombre de spectateur·trice·s composant le jury public (soit 535) est trop petit, et que le rayonnement médiatique est trop faible.

Qu’est-ce qui va changer ? Il n’y aura désormais plus de jury public, seulement un jury d’expert·e·s, comme les années précédentes. Celui-ci changera d’année en année et sera composé, comme auparavant, de trois instances : une pour les courts métrages, une pour les documentaires et une pour la fiction. Les films nominés ne seront plus récompensés, mais les lauréat·e·s se partageront 100'000 francs au total. Les dotations des principales récompenses seront légèrement réduites : les prix des meilleurs longs métrages documentaire et fiction sont tous deux dotés de 20'000 francs (contre 25'000 précédemment), le meilleur court métrage recevra comme avant 10'000 francs. Deux films par catégorie seront désormais distingués avec un prix doté de 10'000 francs pour les longs métrages et 5'000 dans le cas des courts métrages, pour la qualité de la mise en scène, des prestations dramatiques, de la caméra, du montage ou d’autres domaines artistiques.

La remise du Zürcher Filmpreis aura lieu en novembre, en dehors des dates du ZFF (comme c’était le cas du Cadrage auparavant). La Zürcher Filmstiftung souhaite que la distinction « devienne un indicateur pour le Prix du cinéma suisse, étant donné que les films en compétition se recouvrent en grande partie ». La participation à l’événement ne sera plus uniquement sur invitation, mais elles continueront d’être envoyées. Cette reconversion de l’événement comprend quelques paradoxes : il doit d’un côté devenir plus « public », tout en servant avant tout de lieu de rendez-vous pour la branche, comme le souligne Julia Krättli, directrice de la Zürcher Filmstiftung. Il doit surtout devenir plus populaire, plus bière que champagne. Le Berner Filmpreis fait figure de référence : il fonctionne sans liste d’invité·e·s et l’expérience est positive. Décision plus discutable, celle de faire connaître les lauréat·e·s en amont : sans suspense à ce niveau, le public risque de se limiter aux ami·e·s et collègues des gagnant·e·s.

Y a-t-il des mesures pour renforcer la présence du prix dans les médias ? Pas vraiment, la mission du Zürcher Filmpreis n’étant pas nécessairement d’augmenter la visibilité des films. Pour Julia Krättli, d’autres mesures seraient nécessaires pour familiariser le grand public avec la production cinématographique. Même le Prix du cinéma suisse échoue à susciter un réel intérêt du grand public. Le budget du Prix du cinéma bavarois, par exemple, est de l’ordre d’un million, c’est à peine comparable. On cherche donc plutôt « à long terme » à faire du prix un label de qualité. Le nouveau concept se veut modeste, mais ne cesse pas de voir grand pour autant. Et à y regarder de près, on comptera plus de gagnant·e·s et moins d’exclu·e·s. Voilà qui est bien suisse. De toute façon, le jury public intervient à un autre niveau : dans les salles.

 

▶  Texte original: allemand

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