Editorial

L'anti-«recette miracle» 

Une étape du travail sur les plateaux de «Ma vie de Courgette», racontée dans ce numéro par Claude Barras. © Rita Productions Je me souviens de mon excitation, adolescente, à l'idée de découvrir les making of des films que j'avais aimés dans les salles. Connaître les secrets de tournage, loin d'annuler la magie du cinéma, ne faisait qu'ajouter à mon plaisir. Plus les explications étaient techniques - je me rappelle encore une longue digression sur l’étalonnage - plus ma curiosité était piquée. Quinze ans et une école de cinéma plus tard, je suis toujours aussi intéressée par les expériences des réalisateurs et de leurs équipes, et je crois qu'en tant que branche, nous pouvons apprendre des défis relevés par nos collègues. Cette idée en tête, nous avons décidé de lancer une nouvelle rubrique, «Case Study», pour discuter de la fabrication des films, de la tête au papier, du papier au plateau et du plateau aux écrans. Les «recettes miracle» n'existent pas, les recettes tout court non plus d'ailleurs, dans un cinéma d'auteur qui chérit son originalité. Par contre, les retours d'expérience, les témoignages honnêtes et les solutions inventées par les uns doivent servir aux autres. Pour inaugurer cette série, nous avons choisi d’écouter Claude Barras, réalisateur de «Ma vie de Courgette». Non seulement le film a tenu haut l'étendard de l'animation suisse à l’étranger, mais sa longue gestation est une preuve de la ténacité de son équipe. J’espère que vous trouverez autant d’intérêt que mon moi de 15 ans face aux textes de cette toute nouvelle rubrique. Et parce que le cinéma n’est pas fait que de films, mais aussi d’une infrastructure, physique et humaine, qui permet leur création, nous avons décidé de vous parler de deux organismes, un de chaque côté de la Sarine, dont le but est de faciliter le travail des productions. Le Zurich Film Office, avec une nouvelle directrice, qui vise à faciliter la venue de tournages dans la ville et le canton de Zurich, et le site comedien.ch, récemment modernisé, qui regroupe la plus importante base de données des comédiens professionnels romands. Ces deux structures si différentes font partie des acteurs discrets mais nécessaires de la branche, dont l’existence paraît évidente mais dont la survie peut être fragile et qui font office d’huile dans les rouages de notre écosystème cinématographique. 

Pascaline Sordet