Editorial

Locarno sous le signe de la pacification

Françoise Deriaz, rédactrice en chef

Deux barbarismes empruntés au terme anglais facilitator – Fazilitator en allemand, «facilitateur» en français – désignent la fonction inédite confiée à Marc Wehrlin dès le 1er août par Didier Burkhalter, chef du Département fédéral de l’intérieur, DFI (voir Communications dans l`édition imprimée). Pour que le prédécesseur de Nicolas Bideau à la tête de la Section du cinéma soit appelé à la rescousse afin de ramener le calme avant le départ de ce dernier pour Présence Suisse, il faut que les dissensions qui agitent la profession depuis des mois soient prises très au sérieux en haut lieu. L’élaboration sereine des Régimes d’encouragement 2012-2015 (voir article «L`aide sélective décortiquée») et la conduite de la Section par le ou la futur(e) chef(fe) dans une atmosphère apaisée sont en effet en jeu. Sans parler du rejet par le DFI (sous l’ère de Pascal Couchepin) d’une plainte administrative contre le fonctionnement de l’OFC pour lequel les associations impliquées ont fait recours.
Marc Wehrlin a donc du pain sur la planche, mais depuis qu’il a quitté l’OFC – dont il fut aussi directeur suppléant – ce retraité de la Confédération de 62 ans est très sollicité pour éteindre les incendies. Il a ainsi volé au secours de la Cinémathèque suisse, en panne de directeur pendant un an, et reprend désormais du service à l’OFC – sous mandat et à temps partiel – pour restaurer une culture du dialogue en lambeaux. C’est donc dans un climat moins fiévreux, et surtout moins propice aux empoignades, que le Festival du film Locarno déploie ses écrans pour accueillir les films choisis par Olivier Père, son nouveau directeur (voir interview «Bella Piazza, cinema bello!»). Puisse sa passion pour le cinéma inciter les «adversaires» à enterrer la hache de guerre pour se focaliser sur la finalité de toute activité de création, de réalisation et de production qu’est le septième art.