Editorial

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Françoise Deriaz, rédactrice en chef

La bonne nouvelle du mois: «Tout un hiver sans feu» de Greg Zglinski, premier film suisse en compétition à Venise depuis quinze ans! Pour le reste… Avec une petite augmentation de 1,1 million annoncée pour 2005, suivie d'un plombage à 37 millions de 2006 à 2008, la minceur du crédit du cinéma devrait inciter la profession à s'unir autour d'un programme susceptible de convaincre le Parlement de revoir nettement à la hausse son engagement financier. Egalement pour réagir à la décision de la SSR de réduire à 500'000 francs l'augmentation promise pour le Pacte de l'audiovisuel de 1,5 million par an. La pénurie, au contraire, ne fait qu'attiser les rivalités, les frustrations et l'activisme échevelé. Mais la branche bouge, du moins en a-t-elle l'impression. Et les rameaux d'agiter leurs feuilles en tous sens au gré du vent. Qui en allumant la presse pour attirer l'attention des foules et de M. Couchepin sur un gag infantile et bêta à propos de son patronyme dans «Bienvenue en Suisse», film soutenu par ses services. Qui en alertant le même M. Couchepin sur l'indigence de la planète cinéma et ses dysfonctionnements. Lequel, échauffé par ce tapage et ces plaintes, de faire la grosse voix dans la presse à Locarno et de montrer du doigt l'Office fédéral de la culture en promettant de faire de l'ordre dans sa maison. Dès lors, tout un chacun de jouer sa propre partition. Qui pour faire tomber une tête, qui pour défendre telle tête en en désignant une autre, qui pour fustiger la bureaucratie de Berne, qui pour dénoncer le copinage, qui pour critiquer la promotion, qui pour avancer ses pions, qui pour régler ses comptes, qui encore pour déterrer le projet d'institut suisse du cinéma comme panacée à tous les maux. Et la presse de s'en donner coeur joie devant ce jeu de massacre. Appelés à adopter le crédit du cinéma cet automne, les parlementaires se souviendront- ils encore des films dont le succès – public, critique ou les deux! – dope la cote de popularité du cinéma suisse? Ou seulement du grand déballage médiatique de l'été? Pour l'instant, ces turbulences amènent de l'eau au moulin des opposants au crédit de 8 millions pour le cinéma qui sera voté le 26 septembre à Zurich. Raison de plus pour que tous les partisans du «oui» des bords de la Limmat aillent sans faute mettre leur bulletin dans l'urne!