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Georges Schwizgebel : « On reconnaît plutôt les auteur·trice·s que le pays d’où ils·elles viennent »

Propos recueillis par Adrien Kuenzy
26 mai 2023

Georges Schwizgebel est né en 1944 à Reconvilier. © DR

Georges Schwizgebel est célébré dans le monde entier. On ne compte plus les prix décernés au réalisateur carougeois pour ses œuvres, dont l’esthétique onirique émeut autant qu’elle hypnotise. Entretien avec l’artiste autour du film d’animation suisse, un art selon lui en plein essor.

Quelles sont les forces de l’animation suisse ?

Notre cinéma d’animation s’est beaucoup développé depuis qu’il y a de bonnes écoles, surtout la Haute École d’art et de design de Lucerne et le Ceruleum à Lausanne, et aussi grâce à la réussite du premier long métrage d’animation suisse, « Max & Co », des frères Guillaume, et au succès planétaire de « Ma vie de Courgette », de Claude Barras. Malgré la taille réduite de la Suisse, sa production est très présente dans les festivals internationaux et aussi dans leur palmarès. Sa force réside peut-être dans la variété de ses films.

 

Pensez-vous que l’écosystème autour de l’animation en Suisse est propice à son développement ?

À mon avis, l’animation suisse est bien soutenue, avec l’aide financière de l’OFC et du Succès Festival, de Cinéforom pour la Romandie et de la SSR. La production est facilitée, même si les démarches administratives ont tendance à se compliquer. Et il ne faut pas oublier que, pour l’animation, c’est aussi une constante lutte de la part du Groupement suisse du film d’animation (GSFA) pour qu’elle ne soit pas mise à l’écart du « vrai cinéma ».

 

Justement, vous êtes un des membres fondateurs du GSFA. Quelle est son importance ?

À l’époque de sa fondation, l’idée principale – de Bruno Edera et de Nag Ansorge – était de réunir les animateur·trice·s, assez peu nombreux·euses et qui travaillaient chacun·e de leur côté, souvent seul·e, sans se connaître. Il n’y avait pas d’école et c’était très important de pouvoir échanger sur son expérience et de voir les œuvres de ses collègues. Je me souviens que, dans les premières assemblées générales, on avait le temps en ouverture de projeter les films récents de nos membres. Au départ, les Romand·e·s étaient plus nombreux·euses, sans doute à cause de la proximité du plus important des festivals d’animation, celui d’Annecy. Ce n’est bien sûr plus le cas aujourd’hui. Les animateur·trice·s suisses alémaniques sont représenté·e·s dans la proportion qu’il y a en Suisse, et il est à noter que les femmes sont très nombreuses dans ce milieu. Le travail du GSFA, qui est une section nationale de l’Association internationale du film d’animation, est important pour les contacts avec les autorités, et entre autres pour soutenir la présence de films et de réalisateur·trice·s dans les nombreux festivals internationaux.

 

Diriez-vous que l’animation suisse est reconnaissable parmi d’autres ?

C’est difficile à dire pour son propre pays, je pense que l’on reconnaît plutôt les auteur·trice·s que le pays d’où ils·elles viennent. Mais je ferais une exception pour l’Estonie, ou le Japon, ou même je pourrais dire que les films français sont souvent bavards. Sans doute que de l’extérieur on trouve aussi une généralité à coller sur les films d’animation suisses.

 

Il est difficile de vivre de son métier d’animateur·trice aujourd’hui. Surtout si l’on souhaite garder sa totale indépendance, comme vous ?

Je pense que c’est difficile dans presque tous les pays, car un court métrage d’animation, même vu par un très grand nombre de spectateur·trice·s, ne rapporte pas d’argent. Il n’existe pas de « best-seller » comme en bande dessinée ou en littérature, des professions où il n’est non plus pas évident de pouvoir en vivre. En Europe, la production cinématographique est subventionnée par l’État, plus ou moins bien selon les pays, et la Suisse est plutôt bien classée. Sans cette aide, on ne verrait que des films américains.

 

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes réalisateur·trice·s qui désirent se lancer ?

Qu’il faut surtout être passionné·e pour faire ce métier, ne pas penser que l’on peut devenir riche même si on est très connu·e. Cependant, si on maîtrise bien la technique, on trouve du travail, car les films, tous genres confondus, sont de plus en plus gourmands en effets spéciaux et donc en animation. J’ajouterais que les bons films pour enfants trouveront plus facilement preneur et que je connais surtout les courts métrages destinés principalement aux festivals. Et que ceux-ci ne représentent qu’une partie du film d’animation. Il y a aussi la publicité, les films de commande, les jeux vidéo, les séries, etc.

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