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Um zu übersetzen - « Il s’agit d’avoir une vision »


30. Oktober 2015

Simon Hesse, producteur, membre du conseil de fondation de la Zürcher Filmstiftung et coprésident de Zürich für den Film, s’exprime sur les chances de succès de l’initiative populaire, sur la lutte pour la répartition du gâteau, ainsi que sur l’égalité de traitement politique – souhaitée – du cinéma et des nouveaux médias face à l’opéra et au théâtre.

Propos recueillis par Kathrin Halter

Pourquoi lancez-vous une initiative, pour quelles raisons avez-vous choisi cette démarche ?

Lorsque l’on cherche à effectuer des changements à long terme, l’initiative populaire est un très bon moyen pour y parvenir. C’est la décision, en juillet dernier, du Grand Conseil zurichois de réduire le montant alloué à la promotion culturelle dans le cadre du budget ordinaire, qui nous a donné l’impulsion d’agir au niveau politique. Dans le cas d’une initiative populaire, le gouvernement doit se pencher sur la question, et doit soit accepter le projet, soit soumettre une contre-proposition – c’est précisément cela qui nous intéresse. Le chemin de l’initiative populaire a été décidé à l’unanimité, par l’association Zürich für den Film, au début du mois de juillet.

Lors du Filmtalk, Madeleine Herzog, la responsable du service culturel du Canton de Zurich, comparait la situation actuelle à celle de 2004, lorsqu’une votation populaire communale décidait de la création de la Filmstiftung. Mais aujourd’hui, la campagne de votation pourrait s’avérer plus ardue qu’à l’époque – il en faudra beaucoup pour gagner la population du canton. Une votation populaire ne vous
effraie-t-elle pas ?

Pas du tout. Il s’agit d’un secteur culturel de premier plan. En 2004, l’initiative était passée avec tout juste 54 % des voix – ce n’est donc jamais le bon moment pour oser quelque chose.

L’année dernière, Zürich für den Film demandait de la part de la Ville et du Canton une augmentation massive du crédit alloué au cinéma, soit un saut quantique de 10 à 40 millions de francs. Or maintenant, au lancement de l’initiative, aucun chiffre n’est cité. Pourquoi cela ?

Nous avons constaté que d’un point de vue politique, cela n’apporte rien. Si l’initiative est acceptée, nous nous battrons pour plus d’argent dans le cadre d’un débat budgétaire devant le Parlement.

L’année dernière, on a vu apparaître une dissension entre Zürich für den Film et la Filmstiftung, avec d’un côté les lobbyistes culturels dynamiques, engagés pour une augmentation massive du crédit alloué au cinéma, et de l’autre, les forces plus prudentes. Corinne Mauch et Daniel Waser se distanciaient publiquement de cette revendication pour une hausse du crédit. S’est-on depuis réconcilié ?

A l’époque, nous pensions pouvoir faire bouger les choses en énonçant une revendication claire. Comme cela n’a pas marché, nous avons opté pour une stratégie politique solide et notre ton est devenu un peu moins claironnant. Mais absolument rien n’a changé sur le fond. Ce n’est pas d’argent qu’il s’agit dans un premier temps, mais d’une loi, de l’acceptation du cinéma et des médias et de leur égalité politique avec le théâtre et l’opéra. Cela a modifié le débat.

Dans le comité d’initiative, il est beaucoup question de l’économie du jeu vidéo et de la « convergence » entre le cinéma et les nouveaux médias. Dans le cas où la Filmstiftung serait effectivement transformée en une Fondation pour le cinéma et les médias, faudrait-il prévoir des conflits d’intérêts entre les milieux du cinéma et celui des gamers ? En fin de compte, il s’agit toujours d’une nouvelle répartition d’un même gâteau.

Le concept de la Fondation pour les médias prévoit les trois domaines du cinéma, du film d’animation et des médias interactifs. En se basant sur l’état actuel et en imaginant où nous aimerions en être dans dix ans, il est possible de calculer les besoins d’une telle institution de manière relativement fiable. Il s’agit aussi d’avoir une certaine vision. Si nous obtenons une augmentation sensible des moyens, il n’y aura pas de lutte pour leur répartition. La Confédération n’a pas non plus dû puiser dans les fonds existants pour la nouvelle aide liée au site de production, il y a eu une augmentation.

Que se passera-t-il si les moyens ne sont pas augmentés ? Faudrait-il alors renoncer à inclure le domaine du jeu vidéo ?

Si les moyens ne sont pas augmentés, cela voudra dire que notre vision d’un encouragement moderne du cinéma et des médias n’est pas partagée. Mais ne parlons pas pour l’instant de ce scénario du pire. Le cinéma dispose aujourd’hui déjà de trop peu de moyens.

Comment apaiser les craintes des professionnels traditionnels du cinéma, peu enthousiastes à l’idée de devoir à l’avenir partager le crédit alloué au cinéma avec le monde du jeu vidéo et de la culture transmédia ?

Il ne faut pas oublier que lors de la fondation de la Filmstiftung, les autres secteurs culturels étaient eux aussi dans l’incertitude. Le cinéma est un médium attractif et bénéficie d’un puissant lobby. Mais en fin de compte personne n’a été privé de rien, et il en sera de même à l’avenir. Mais je peux comprendre ces peurs. Ma grand-mère, Isa Hesse, a toujours travaillé avec des techniques mixtes. A l’époque, son art vidéo n’entrait dans aucune catégorie d’encouragement, et elle ne recevait du soutien que de la part de mécènes privés. Aujourd’hui, c’est le cas des personnes qui ne travaillent pas de manière classique. Jusqu’à récemment, le docu-fiction était un genre qui n’entrait dans aucune catégorie d’aide. Et pourquoi la Filmstiftung ne devrait-elle pas soutenir le développement de séries ? Actuellement, elle n’en a pas les moyens, mais cela pourrait changer. Pour l’instant, notre modèle d’encouragement est trop peu novateur en comparaison avec ce qui se fait par exemple en Allemagne ou en Suède. Selon moi, une fondation pour le cinéma devrait régulièrement se demander si ses catégories d’aide sont encore à jour.

Vous dites que l’égalité politique de l’opéra, du théâtre et du cinéma ouvrirait des perspectives. Faites-vous allusion au fait que l’Opernhaus de Zurich doit partiellement sa subvention de 85 millions de francs au fait que sa promotion soit ancrée dans la loi ?

Nous souhaitons une égalité de traitement avec le théâtre et l’opéra. La protection de ces derniers est garantie depuis la loi du Opernhausgesetz de 1994. Celle-ci fonctionne parfaitement depuis et s’est forgée une renommée internationale. S’il existait une loi établissant que le cinéma est un secteur culturel devant être soutenu par l’Etat, cela aurait un effet semblable que dans le cas de l’opéra. Si la volonté populaire nous permet de nous munir d’une loi sur laquelle nous appuyer, nous aurons beaucoup plus de possibilités.

Les principaux arguments avancés pour la nécessité d’une loi sur le cinéma sont d’ordre économique (renforcer l’économie créative et le secteur zurichois des médias). La branche créative est présentée surtout comme un secteur économique et non comme un secteur culturel ayant besoin de subventions. N’y a-t-il pas de conflit entre l’aide liée au site et la promotion culturelle ?

Mais on sait que le cinéma n’est pas qu’une affaire de culture. Il n’arrive presque plus qu’un film suisse soit produit sans participation étrangère – financer un film est devenu une tâche économiquement complexe. Si je reçois un demi- million d’Allemagne, je dois dépenser 750'000 francs là-bas. Idem pour Zurich. Ce que tous n’ont pas encore compris, c’est que la promotion liée au site intervient dans un processus de production dans toute l’Europe.
Il est donc important de souligner les liens entre l’économie et la culture. Ce qui sera plus compliqué, c’est d’expliquer pourquoi un film donné soutenu à hauteur de 2 millions ne passe pas dans les salles. C’est pourquoi le soutien à l’exploitation ainsi que la « diffusion au sein de la population de la production du cinéma et des médias » sont des points essentiels de ce projet de loi.

Donc : davantage d’argent pour des institutions comme « Schule und Kultur » ?

Bien sûr ! Le cinéma est un secteur culturel important qui doit être soutenu dans toutes ses étapes, depuis le développement jusqu’à la diffusion. Il s’agit aussi d’une reconnaissance. Les écoliers devraient pouvoir voir des films suisses pour enfants indépendamment de considérations commerciales.

 

Vous siégez au conseil de fondation de la Filmstiftung depuis le mois de septembre. Faut-il s’attendre à des changements au niveau de la dynamique interne de la fondation ?

C’est en tant que représentant engagé de la branche que j’ai assumé mes fonctions, et je ne compte pas emprunter le chemin le plus facile lors des discussions au sein de la Filmstiftung.

Mon objectif déclaré est de fonctionner en tant qu’intermédiaire entre la branche et le conseil de fondation – j’aimerais avoir un rôle intégrateur et rechercher l’échange, notamment avec d’autres associations. La Filmstiftung reconnaît les besoins de la branche et l’importance de notre démarche.

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